L’Illustration - 2 mars 1895
Courrier de Paris (extrait)
[…]
Il y a en littérature l’heure de la conversation et l’heure du banquet. La conversation naît de quelque accès de mélancolie, le banquet est la résultante des années de labeur et de gloire. Les artistes, les peintres, les sculpteurs, avaient décerné le banquet à M. Puvis de Chavannes ; les littérateurs, romanciers et poètes ont tenu à décerner le même honneur à M. Edmond de Goncourt.
M. Bergerat s’était mis en tête de grouper, autour de M. Alexandre Dumas, toute la littérature contemporaine. L’auteur du Demi-Monde a refusé. Il a même répondu aux organisateurs du banquet Puvis de Chavannes : — N’allant pas aux banquets qu’on voudrait m’offrir, permettez-moi de ne pas aller aux banquets qu’on offre aux autres !
La jeune littérature, et aussi de vieux amis et admirateurs des frères Goncourt, se sont donc groupés autour du survivant de cette association littéraire si originale et si puissante. Le banquet devait avoir lieu la semaine dernière. Un des membres du comité organisateur, Auguste Vacquerie, étant mort, on a remis la fête littéraire en signe de deuil.
Il eût été intéressant de voir, et peut-être d’entendre, un des derniers et fiers burgraves du romantisme rendre hommage à Goncourt, un des précurseurs du naturalisme. Formosane devait pas adorer la Fille Élisa ; mais Vacquerie honorait le talent, la conscience littéraire, le labeur vaillant et la gloire bien assise. Il eût Goncourtisé comme les autres. […]
RASTIGNAC
Société des Amis des frères Goncourt
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