Les origines familiales
L'arrière-grand-père paternel : Antoine HUOT (1731 - 1809), garde-marteau des Eaux-et-Forêts à Bourmont, acquiert, en 1786, la terre de Goncourt en Haute-Marne LOUIS XVI confirme par lettres patentes (1787) l'acte de vente de la seigneurie d'où la famille tire son nom.
Le grand-père paternel : Jean-Antoine HUOT de GONCOURT (1753 - 1832), né à Bourmont, avocat, puis député du Bassigny lorrain à l'Assemblée Nationale Constituante (1789 - 1791).
" L' oncle Victor " : Pierre Antoine Victor HUOT de GONCOURT (1783 - 1857), né à Bourmont, capitaine d'artillerie de la Grande Armée, député des Vosges à l'Assemblée Nationale de 1848 à 1851.
Le père : Marc Pierre HUOT de GONCOURT (1787 - 1834), chef d'escadron et héros de la Grande Armée.
La grand-mère maternelle : Adélaïde Louise de MONMERQUÉ épousa en premières noces un fermier général, Louis Marie LE BAS de COURMONT, et, en secondes noces, François Pierre GUÉRIN, fournisseur aux armées.
La mère : Annette Cécile GUÉRIN (1798 - 1848). Elle épousa, à Paris, le 10 juillet 1821, Marc Pierre Huot de Goncourt. Par leur mère, les deux écrivains étaient apparentés aux Villedeuil, aux Le Bas de Courmont, aux Lefebvre de Béhaine. De ce milieu familial, certaines figures se détachent, principalement : le cousin Villedeuil, qui fonda L'Éclair puis le Paris Nephtalie de Courmont (morte en 1844 à Rome), qui donna à Edmond le goût des objets d'art et qui inspira le personnage de madame Gervaisais.
Les enfants :
Edmond Huot de Goncourt (Nancy, 26 mai 1822 - Champrosay, 16 juillet 1896).
Nephtalie Jenny Cécile Huot de Goncourt (Paris, 6 mars 1824 - 29 janvier 1825).
Émilie Alexandrine Huot de Goncourt (Paris, 12 mars 1829 - Chaumont, 13 avril 1832). Elle mourut du choléra.
Jules Huot de Goncourt (Paris, 17 décembre 1830 - Paris, 20 juin 1870).
Les années de formation
Edmond fréquente d'abord la pension Goubaux où il a pour condisciple Alexandre Dumas fils, puis il est élève au collège Henri IV pendant 2 ans (classes de 3è et de seconde) : il s'y lie avec Pouthier, un bohème qui inspirera le modèle d'Anatole dans Manette Salomon. Il entre en rhétorique au collège Bourbon (actuel lycée Condorcet) : les registres de cet établissement font état d'une année en classe de rhétorique (1840-1841) et d'une année en classe de philosophie (1841-1842).
De 1842 à novembre 1844 : études à la faculté de droit.
1846 - 1848 : il est comptable à la Caisse Centrale du Trésor Public.
Jules effectue sa scolarité secondaire au collège Bourbon (de 1841 à 1848) où il est un brillant élève, obtenant deux accessits de latin et de grec au concours général. Son condisciple est Louis Passy qui, avec sa sœur Blanche, inspirera les personnages centraux de Renée Mauperin. La publication de ce roman entraînera la brouille définitive des deux amis.
Les années " vagabondantes "
1848 marque une étape décisive :
La révolution de février avec l'instauration de la IIe République, puis le 15 mai et les journées de Juin leur inspirent des sentiments ambivalents. Si, dans leur Correspondance, les deux frères se montrent d'ardents défenseurs de la propriété, ils condamnent la sanglante répression des journées de Juin.
Le 5 septembre, leur mère meurt en leur joignant les mains et en les confiant à la servante Rosalie Malingre, dite Rose, qui inspirera Germinie Lacerteux.
Dès lors, ils choisissent la vie d'artiste : Edmond abandonne son emploi et Jules " prend son parti de ne rien faire " (lettre à Louis Passy). Ils connaissent des années " vagabondantes " , avec des voyages en Algérie (1849), en Suisse, en Belgique (1850). De leur voyage en Algérie, ils ramènent des carnets avec des notes écrites et des aquarelles.
Débuts dans la vie littéraire
2 décembre 1851 : Les Goncourt commencent à écrire leur Journal, dans le fracas du coup d'État.
5 décembre 1851 : En 18..., roman fantaisiste et excentrique.
1852-1853 : collaboration à L'Éclair et au Paris, journaux fondés par leur cousin Charles de Villedeuil. Ils y rencontrent Nadar et surtout Gavarni.
1853 : en février, ils sont jugés en chambre correctionnelle pour avoir cité des vers de Tahureau dans un de leurs articles. Leur procès s'achève par un " acquittement avec blâme " . Ils abandonnent le journalisme.
1853 : Publication d'une " physiologie " , La Lorette (initialement, Les Lèpres modernes, dédicacée à Gavarni.
1855 : La Peinture à l'exposition de 1855, qui reprend la célébration par les deux frères des peintres de l'école de Barbizon, dans certains articles de journaux.
1856 : Une Voiture de masques, recueil de nouvelles publiées précédemment dans L'Éclair ou dans le Paris.
Des nostalgiques du XVIIIe siècle
Après l'abandon de leurs activités journalistiques, les Goncourt se tournent vers l'histoire. Les deux frères valorisent les anecdotes, les documents intimes, les biographies, tout en voulant inventer une histoire sociale qui serait celle de la vie privée.
1854 : La Révolution dans les mœurs ; Histoire de la société française pendant la Révolution.
1855 : Histoire de la société française pendant le Directoire.
Du 8 novembre 1855 au 6 mai 1856 : Voyage en Italie avec Louis Passy.
1857 : Sophie Arnould, monographie consacrée à une cantatrice du XVIIIe siècle.
Le 11 avril, les Goncourt, qui connaissent déjà Gautier, rencontrent pour la première fois Flaubert dans les bureaux de L'Artiste.
1857 et 1858 : Portraits intimes du XVIIIe siècle, 2 séries regroupant des articles centrés sur des personnages du XVIIIe siècle.
1858 : Histoire de Marie-Antoinette.
1859 : premier fascicule de L'Art du XVIIIe siècle, qui sera suivi de onze autres et dont la publication s'achèvera en 1875. Les Goncourt y exaltent Watteau, Chardin, La Tour, Fragonard, Prud'hon, etc.
1860 : Les Maîtresses de Louis XV.
1862 : La Femme au XVIIIe siècle.
Une nouvelle orientation littéraire.
À partir de 1860, les Goncourt vont aborder sérieusement le genre romanesque, prônant une liaison étroite entre l'écriture du roman et la recherche documentaire. En même temps, ils s'essaieront à l'écriture théâtrale, et leur vie mondaine s'élargit.
1860 : Les Hommes de lettres, roman à clefs qui deviendra, en 1868, Charles Demailly. Les deux frères y critiquent le monde de la presse, s'attirant ainsi de nombreuses inimitiés.
1861 : Sœur Philomène, roman tiré de l'histoire véridique d'une religieuse hospitalière de Rouen, que leur avait racontée Louis Bouilhet.
1862 : Réception à Saint-Gratien, chez la Princesse Mathilde et fondation, avec Sainte-Beuve et Gavarni, des " dîners Magny " , dîners bi-mensuels, qui cesseront en 1869, après la mort de Sainte-Beuve.
En août de cette même année, Rose, leur vieille servante, meurt, et ils découvrent sa vie cachée.
1864 : Renée Mauperin (titre initialement prévu : La Jeune bourgeoisie). Le roman fait la satire d'un jeune homme moderne, féru d'économie libérale et arriviste (inspiré par Louis Passy), et lui oppose sa sœur (inspirée par Blanche Passy), honnête, fantasque et au langage libre. À la suite de la publication de cet ouvrage, Louis Passy se brouillera définitivement avec Jules.
1865 : Germinie Lacerteux, roman qui se veut une " clinique de l'amour, l'exploration d'un " monde sous un monde " . Le personnage éponyme est inspiré par Rose, la servante des deux frères.
Décembre 1865 : échec, de leur pièce Henriette Maréchal, victime d'une cabale et interdite après six représentations.
1866 : Idées et sensations, extraits non datés du futur Journal.
Mort de Gavarni.
1867 : Manette Salomon (titre primitivement annoncé : L'Atelier Langibout), roman à clefs sur les milieux de la peinture, et qui expose une thèse commune à de nombreux écrivains de l'époque : la femme " tue " l'artiste. En même temps on y lit une interrogation sur l'originalité créatrice.
Nouvel échec théâtral : La Patrie en danger est refusée par la Comédie-Française.
Du 6 avril au 17 mai 1867 : les Goncourt voyagent à Rome et y préparent leur roman Madame Gervaisais.
1868 : Jules commence à souffrir de troubles nerveux. Les deux frères s'installent dans une maison qu'ils ont achetée, 53 boulevard Montmorency, à Auteuil. Le 14 décembre, ils y rencontrent pour la première fois Zola, qu'ils ont invité à déjeuner.
1869 : Madame Gervaisais, roman très largement inspiré de la vie de leur tante Nephtalie de Courmont. Cet ouvrage, très anticlérical, raconte la conversion d'une femme qui confond élan mystique et aspiration à la souffrance.
L'état de Jules s'aggrave, il supporte de moins en moins le bruit.
1870 : Le 18 janvier, Jules cesse de rédiger le Journal, et sombre dans une vie végétative. Il meurt le 28 juin.
Edmond veuf de son frère
1873 : Gavarni, l'homme, l'œuvre, étude entreprise avec Jules.
Le 16 mars, Edmond rencontre Alphonse Daudet chez Flaubert.
1874 (14 juillet) : Edmond rédige son testament qui stipule la création d'une académie littéraire financée par les ventes de ses collections. Cette académie doit être composée de 10 membres. L'existence de ce projet ne sera dévoilée que le 23 juin 1882.
1877 : La Fille Élisa, dernier roman conçu par les deux frères, raconte la vie d'une prostituée qui, dans une crise d'hystérie, tue son amant. Son emprisonnement et le silence continu qu'elle doit respecter la précipitent dans la folie.
16 avril 1877 : Invité au restaurant Trapp par Alexis, Céard, Maupassant, Huysmans, Hennique et Mirbeau, Edmond est sacré l'un des " maîtres de l'heure " , avec Flaubert et Zola. Le triomphe de L'Assommoir, cette même année, éclipse un peu La Fille Élisa et exaspère Edmond qui éprouve de plus en plus de rancœur contre Zola.
1879 : Les Frères Zemganno. Ce premier roman conçu et écrit par Edmond seul peint la vie des artistes de cirque, tout en traçant son propre portrait et celui de son frère. La préface définit l'écriture des Goncourt comme une " écriture artiste " .
1881 : La Maison d'un artiste. Edmond recense les objets d'art, les dessins du XVIIIe siècle, les manuscrits autographes de la maison d'Auteuil.
Mort de Flaubert.
1882 : La Faustin.
La Saint-Huberty, biographie d'une cantatrice du XVIIIe siècle.
Le 3 juillet, Jules Vallès, apprenant le projet d' " Académie des Goncourt " dont il était pourtant un membre désigné, proteste publiquement contre cette création.
1884 : Chérie, roman qui vaut à Edmond les louanges de Zola.
Réédition sans coupures d'En 18.. qui avait été publié en 1851 après censure.
Edmond décide d'ouvrir à ses amis écrivains et artistes le " Grenier " d'Auteuil, ce qui avait été également le vœu de son frère.
1885 : Lettres de Jules de Goncourt (préface d'Henri Céard).
1886 : Pages retrouvées, recueil d'articles de journaux (préface de Gustave Geffroy).
1887 : Publication de 2 volumes du Journal (1851 - 1867). Suivront 7 autres volumes jusqu'à la mort d'Edmond en 1896.
1888 : adaptation pour la scène de Germinie Lacerteux. La pièce est jouée à l'Odéon.
Préfaces et manifestes.
1890 : Mademoiselle Clairon.
1891 : Outamaro, le peintre des maisons vertes.
1893 : La Guimard.
1894 : L'Italie d'hier. Notes de voyages de 1855 et 1856, avec des croquis de Jules de Goncourt.
1895 : Raymond Poincaré remet la Légion d'honneur à Edmond de Goncourt lors d'un banquet.
1896 : Hokousaï.
Adaptation de Manette Salomon au théâtre.
16 juillet : Edmond de Goncourt meurt à Champrosay, chez Alphonse Daudet.